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Jean-Luc Ponty

Dossier réalisé par Stéphane Barthod
depuis 2002

Jean-Luc Ponty
Jean-Luc Ponty avec William Leconte et l'orchestre Pasdeloup le 11 avril 2012 au théâtre du Châtelet (Paris). Daniel Humair, en bas à droite, l'écoute pendant la balance – Photo : Stéphane Barthod

Témoignages

Nombreux sont les musiciens dont la carrière a croisé plus ou moins longtemps celle de Jean-Luc Ponty : de Daniel Humair à Frank Zappa, en passant par Philip Catherine, Allan Holdsworth, Al Di Meola, Stanley Clarke, Chick Corea, George Duke, Stéphane Grappelli, John McLaughlin... la liste est trop longue pour tous les citer ! Nous avons proposé à quelques-uns d'entre eux de nous parler de lui. Voici leurs témoignages :

Daniel Humair

Daniel Humair

Comment s'est passée ta rencontre avec Jean-Luc ?

Il a joué avec nous, dans les clubs parisiens, et on a décidé naturellement de jouer ensemble. Comme tous les musiciens, un jour on se trouve et puis on fait un bout de chemin. On commençait à parler de lui, il était tout jeune, et puis un jour il a fait un disque en Allemagne, c'était son premier disque, auquel je participais, avec Niels-Henning Orsted Pedersen à la contrebasse, et Wolfgang Dauner au piano, ça s'appelait Sunday Walk (NDLR : on retrouve également Daniel Humair sur les albums Jazz Long Playing, Trio HLP et More Than Meets the Ear)

Que représente-t-il pour toi du point de vue musical ?

Il y avait un parcours intéressant. Je trouve que ce trio (NDLR : Trio HLP) avec Eddy Louiss qui était un « monstre » du point de vue musical, avec orgue, violon et batterie, c'était une couleur que personne n'avait. Évidemment, comme ce n'était pas américain, ça n'a pas été vraiment distribué. Je suis sûr que s'il avait été à New York, ça serait devenu un des groupes-clefs du jazz moderne. Personne ne faisait ça, c'était aussi intéressant, au niveau de la formule instrumentale, que le Modern Jazz Quartet. Ensuite il a fait plein de choses en Amérique qui étaient bien, il fait maintenant quelque chose d'entièrement électrique, qui est moins ma « tasse de thé » mais je ne peux pas dire si c'est bon ou pas, c'est lui qui sait.

Une question à lui poser ?

As-tu toujours la même passion pour le jazz dit « moderne » ? Serais-tu prêt à faire un parcours qui ne serait pas une relecture, mais qui reviendrait malgré tout à quelque chose de plus ternaire ?

Réponse de Jean-Luc Ponty :

Il n'y a pas plus ternaire que certains rythmes africains que je pratique actuellement... mais bref... je vois ce que veut dire Daniel Humair. La passion que j'ai eu dans les années 60 pour le jazz moderne s'est depuis élargie à d'autres musiques. Mais surtout, je me suis complètement investi en tant que compositeur depuis maintenant 26 ans, afin de bâtir un univers musical où je mets à profit toutes mes expériences. Alors j'aime bien de temps en temps accepter des projets où je suis uniquement un violoniste interprète au service d'autres musiques que la mienne, à condition que ce soit si possible une nouvelle expérience à chaque fois. Donc un détour temporaire par le jazz moderne, possible, mais pas un parcours définitif.

NDLR : depuis cet échange, le trio s'est reformé pour un concert unique à l'occasion d'une soirée spéciale au Châtelet, invitant au passage Stanley Clarke à rejoindre la formation.

Jean-Luc Ponty
Jean-Luc Ponty le 4 avril 2012 au théâtre du Châtelet (Paris) avec Eddy Louiss, Stanley Clarke et Daniel Humair – Photo : Stéphane Barthod

Philip Catherine

Philip Catherine

Comment s'est passée ta rencontre avec Jean-Luc ?

Très bien passée. J'ai aimé tout de suite, après deux notes.

J'ai rencontré Jean-Luc en Allemagne à Baden Baden lors d'une émission de Jack Diéval (Jazz aux Champs Elysés) en 1966 je pense. Lui représentait la France, moi la Belgique.

On est resté en contact de façon tout à fait sporadique par la suite. Et puis, surprise, le 25 novembre 1970 (à la Sainte Catherine), j'ai reçu une lettre de Jean-Luc me demandant si j'étais intéressé de joindre son groupe (Jean-Luc Ponty Experience, avec Michel Grailler et Aldo Romano). Suite à cela j'ai eu l'honneur de jouer avec son quintet pendant 18 mois environ, jusqu'en mai 1972.

Quelque semaines plus tard Joachim Kuhn et Oliver Jonhson ont rejoint le quintet que Michel Grailler et Aldo Romano avaient quitté. On a donc commencé avec de la musique fort écrite pour passer bientôt à une forme très peu écrite. (NDLR : voir l'album Open strings)

Que représente-t-il pour toi du point de vue musical ?

C'était très impressionnant de jouer avec quelqu'un qui a une si belle maîtrise de l'instrument, du son de son instrument. Sans oublier la maitrise rythmique de Jean Luc. Et la fougue de ses phrases, l'intelligence de ses compositions aussi. Sans négliger que Jean-Luc était très sympathique, ce qui ne gâte rien.

Une question à lui poser ?

Comment vas-tu ?

Réponse de Jean-Luc Ponty :

Fin des années 60, Philip hésitait entre une carrière dans la musique et la poursuite de ses études. Je ne le savais pas et mon appel pour qu'il joigne mon orchestre a mis fin à son indécision. Quelle responsabilité ! Donc ...Philip... si tu vas bien, je vais bien !

NDLR : en 2007, Philip Catherine a de nouveau enregistré avec Jean-Luc Ponty, sur l'album The Acatama Experience.

Discographie commune de Jean-Luc Ponty et Philip Catherine :

Open stringsPonty / GrappelliStudioDirige L'Orchestre National De LyonThe Acatama Experience

Voir ci-dessous deux vidéos de Ponty et Catherine avec Aldo Romano, Jasper Van't Hof, Peter Trunk et Nana Vasconcellos, enregistrés en public à Hambourg en 1972 :

Une autre vidéo, avec cette fois Joachim Kühn au claviers, Peter Trunk à la contrebasse et Oliver Johnson à la batterie :