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Jean-Luc Ponty

Dossier réalisé par Stéphane Barthod
depuis 2002

Jean-Luc Ponty
Jean-Luc Ponty le 9 septembre 2008 à la Chaussonnière (Avranches), retrouvailles avec le saxophoniste Michel Varin qui lui avait fait découvrir le jazz dans sa jeunesse – Photo : Stéphane Barthod

Biographie

D'Avranches à Paris

Le 29 septembre 1942, Jean-Luc Ponty naît à Avranches, son père est professeur de violon à l'école de musique municipale et chef d'harmonie, sa mère professeur de piano à Avranches.

1947 : à cinq ans, c'est le temps des premières leçons... de violon et de piano !

En 1955, il prend des cours privés avec le directeur du Conservatoire de Rennes et passe six heures par jour sur son instrument dans l'intention de devenir concertiste.

À partir de 1958, il étudie au Conservatoire National Supérieur de Paris. Il découvre aussi le jazz (Clifford Brown, Miles Davis, John Coltrane, Bill Evans, Kenny Clarke, Bud Powell), et élargit sa palette instrumentale en jouant du saxophone ténor et de la clarinette, qui a été son premier instrument pour le jazz.

En 1960, il sort premier prix de violon du conservatoire, puis joue pendant trois ans dans l'orchestre des Concerts Lamoureux, mais s'intéresse de plus en plus au jazz. Il joue de la clarinette dans un groupe de jazz universitaire qui se produit régulièrement dans des soirées. Son intérêt pour la musique de Miles Davis et de John Coltrane le pousse à se mettre au saxophone ténor.

En 1961, Babik Reinhardt, fils de Django, qui jouait électrique et bebop et avec lequel il faisait souvent des jams, lui dit que Stéphane Grappelli souhaite le rencontrer. La rencontre aura lieu et on retrouvera par la suite les deux violonistes sur disques (Violin Summit en 1967, Jean-Luc Ponty & Stéphane Grappelli en 1973), bien que leurs styles soient très différents.

De 1961 à 1964, il joue dans la formation de Jef Gilson (voir l'album Enfin!), écume les clubs de la rive gauche (le Caméléon, les Trois Maillets, le Club St Germain) pour y faire le bœuf. Il joue également en quartet au Blue Note avec René Urtreger.

En 1964, après un triomphe à Antibes Juan-les-pins, en compagnie de Georges Arvanitas, Guy Pederson, Daniel Humair, il se consacre entièrement au jazz et tourne dans toute l'Europe. À Paris, on l'entend régulièrement au Blue Note ou au Caméléon, avec Daniel Humair et Eddy Louiss, que l'on retrouvera tous deux sur l'album Jazz Long Playing enregistré en juin et juillet pour Philips (album réédité dans la collection Jazz in Paris).

De Paris à Los Angeles

En 1967, il enregistre Noon in Tunisia avec George Gruntz et Free Action avec Wolfgang Dauner. John Lewis l'invite à jouer avec lui, Ray Brown et Connie Kay au festival de Monterey, où il fait grande impression. Il découvre le rock à cette époque. C'est cette même année que paraît son album Sunday Walk avec Wolfgang Dauner, NHOP et Daniel Humair.

Un trio particulièrement original naît à cette époque et réalisera en 1968 un album qui sera ré-édité par la suite : Trio HLP, avec Daniel Humair et Eddy Louiss.

En 1969, il part pour les USA, travaille avec Zappa avec lequel il enregistre notamment l'album King Kong (Blue Note). Il tourne aussi avec son propre groupe Experience (George Duke, John Heard, Dick Berk) avec lequel il enregistre The Jean-Luc Ponty Experience. Paraissent également cette même année ses albums Electric Connection et Live at Donte's. Il acquiert son premier violon électrique (après avoir amplifé son instrument depuis le début des années 60). Il joue à nouveau au festival de Monterey avec cette fois le Modern Jazz Quartet et le George Duke Trio, ainsi qu'en soliste avec le big band de Gerald Wilson. On le retrouve aussi au festival de Concord en Californie, et à Los Angeles avec Lalo Schifrin et un orchestre symphonique.

Il revient en France en 1970, et tourne avec son groupe jusqu'en 1972 (voir l'album Open strings).

En 1971, il enregistre au Berlin Jazz Festival l'album New Violon Summit, avec Don "Sugar Cane" Harris, Milso Brantner et Michael Urbaniak

En 1972, il est invité sur les albums Aria d'alan Sorrenti et Honky Château d'Elton John.

Il s'installe aux USA en 1973, à Los Angeles, et fait partie des Mothers of Inventions de Zappa. Il sera coupé de la France jusqu'à la fin des années 80.

En 1974, il entre dans le Mahavishnu Orchestra de John Mc Laughlin avec lequel il tourne et enregistre deux albums, Apocalypse et Visions of The Emerald Beyond.

À partir de 1975, il ne se produit pratiquement plus qu'en leader. Il signe un contrat avec Atlantic Records qui lui garantit une indépendance artistique totale, la maison de disque n'ayant aucun contrôle sur le déroulement des projets. J.L.P. Productions, Inc. démarre à cette époque, et ne deviendra un label à part entière qu'en 2002. Se succédent alors des albums qui marqueront fortement l'épopée du jazz-rock, Upon The Wings of Music en 1975, Imaginary Voyage et Aurora en 1976, Enigmatic Ocean en 1977, Cosmic Messenger en 1978, et A Taste for Passion en 1979, ainsi qu'un album Live, édité en CD seulement en 2003 (pour l'instant aux USA). Réf. : Wounded Bird Records, catalog No WOU-9229.

Après la sortie de Civilized Evil et Mystical Adventures au début des années 80, il commence à mettre sur pied un gros home-studio à Los Angeles en 1984. Un vidéo-clip est tourné par Louis Schwarzberg pour Individual Choice (il est un des premiers artistes avec Herbie Hancock à disposer d'un clip). Il invite George Benson et Chick Corea sur l'album Open Mind.

Il commence à utiliser un violon Midi en 1985 (un prototype commercialisé depuis 87 par Zeta music system). Il achète également un Synclavier, qu'il utilisera pour la première fois en studio sur l'album Fables. The Gift of Time et Storytelling seront les deux derniers disques de la période "purement" américaine.

De Los Angeles à New York et Paris

En 1988, il découvre la scène world parisienne, et engage des musiciens africains. Un album naîtra de cette rencontre en 1991, Tchokola, ainsi qu'une collaboration à long terme, puisque Guy Nsangué Akwa et Moustapha Cissé jouent avec lui depuis cette époque.

En 1996, il quitte Los Angeles et partage dès lors son temps entre Paris et New York.

S'ensuivent de nombreuses tournées avec son groupe de 1997 à 2000, en Russie, en République de Géorgie, dans divers pays d'Europe de l'Est aussi bien que de l'Ouest. Ce qui ne l'empêche pas à l'occasion de participer à des projets, ainsi un concert en duo avec Miroslav Vitous fin 1999 ou encore en 2000 la participation en tant que soliste à Esperanto, album de Lalo Schifrin en grand orchestre.

En septembre 2001, il joue pour la première fois depuis les années 60 à Avranches (il y avait auparavant donné un concert en 1967, et avait été invité au festival jazz Sous Les Pommiers en 1994). Il a aussi tourné avec son groupe aux USA et au Canada. Sous la pression amicale de ses fans, il sort l'album Life Enigma, le premier enregistrement en studio depuis No Absolute Time paru en 1993.

Live at Semper Opera, enregistré en public à l'Opéra de Dresde (Allemagne) paraît courant 2002. En 2003 paraît en CD et en DVD un concert donné à Varsovie en 1999. Jean-Luc est par ailleurs invité sur un titre de l'album de Julien Clerc Studio.

En plus du groupe, il joue régulièrement en duo et trio : en 2004, tournée de Rite of Strings (+ Al Di Meola et Stanley Clarke) ; en 2005, tournée de Trio! (+ Stanley Clarke et Bela Fleck) ; le 10 octobre 2006, retrouvailles pour un concert unique avec Philip Catherine (+ William Lecomte), et concerts en duo acoustique avec le pianiste Wolfgang Dauner (avec qui Jean-Luc avait souvent joué dans les années 60).

En 2007 sort un nouvel album du groupe, The Acatama Experience, qui donne l'occasion au violoniste de retrouver Allan Holdsworth et Philip Catherine en invités. Il est vainqueur du Jazz-Trophy 2007 décerné en Allemagne par le magazine Jazz Zeitung, et un documentaire lui est consacré, réalisé par Fabrice Ferrari pour France 4.

En 2008, plusieurs concerts en France, notamment à la Cigale le 21 mai, à Vienne avec l'Ensemble de Basse-Normandie ou encore à Avranches en septembre... Home sweet home.

Jean-Luc Ponty
Jean-Luc Ponty Group le 9 septembre 2008 à la Chaussonnière (Avranches) – Photo : Stéphane Barthod

En 2009, il est l'invité de Chick Corea, Stanley Clarke et Lenny White au Hollywod Bowl de los Angeles.

En 2010, il joue notamment au festival Zappanale (dédié à Frank Zappa) à Bad Doberan en Allemagne. En plus de son groupe, il tourne en duo avec le pianiste allemand Wolfgang Dauner. Il reçoit également la médaille de Chevalier de la Légion d'Honneur.

En 2011, il intègre la quatrième version du fameux groupe Return to Forever avec Chick Corea, Stanley Clarke, Lenny White et Frank Gambale pour une tournée mondiale de plus de 70 dates. Il joue également sur l'album Forever de Corea, Clarke & White qui paraît en janvier. Une anthologie paraît pendant l'été, Electric Fusion, regroupant en quatre CD plus de la moitié de sa production chez Atlantic, soit 67 titres tirés de 14 albums parus de 1975 à 1997.

En 2012, un concert au théâtre du Châtelet donne l'occasion de fêter 50 ans de jazz innovateur, avec un l'orchestre Pasdeloup, Biréli Lagrène, Stanley Clarke et les retrouvailles du fameux trio HLP avec Daniel Humair et Eddy Louiss, 47 ans après leur dernière collaboration. Cette même année sort l'abum The Mothership Returns enregistré avec Return to Forever (2 CD + 1 DVD).

Jean-Luc Ponty
Jean-Luc Ponty avec l'orchestre Pasdeloup le 11 avril 2012 au théâtre du Châtelet (Paris) – Photo : Stéphane Barthod

En 2013, il joue à nouveau avec des orchestres philarmoniques ou symphoniques, en Russie et en Hongrie. Il se produit avec sa fille Clara, notamment au Palais du Facteur Cheval. Il participe également, à Istanbul, à la journée Internationale du Jazz, aux côtés notamment d'Herbie Hancock, Wayne Shorter, John McLaughlin ou de George Duke.

En 2014, outre les tournées avec son groupe, il est invité avec Nigel Kennedy pour deux concerts en Suisse. Il monte enfin un nouveau projet avec Jon Anderson, chanteur et co-fondateur du groupe Yes : The Anderson Ponty Band.

En 2015, parution de deux albums : le premier, D-Stringz, en trio avec Biréli Lagrène et Stanley Clarke, le second, Better Late Than Ever, avec le projet APB (Anderson Ponty Band). Une tournée avec cette formation commence en octobre.

En 2016, en plus de la suite de la tournée APB, il donne des concerts en duo avec le pianiste William Lecomte et participe avec un big band au concert fêtant les cinquante ans de l'Académie du Jazz, au théâtre du Châtelet.

En 2017, tournée américaine "The Atlantic Years" avec Jamie Glaser aux guitares, Wally Minko aux claviers, Baron Browne à la basse et Rayford Griffin à la drums. Tournée européenne en trio avec le guitariste Biréli Lagrène et le contrebassiste Kyle Eastwood

Jean-Luc Ponty
Jean-Luc Ponty avec Kyle Eastwood at Biréli Lagrène le 20 mai 2017 au festival Jazz sous les Pommiers (Coutances) – Photo : Stéphane Barthod

En 2018, suite de la tournée américaine "The Atlantic Years", quelques dates en Europe "Atlantic Years Program" avec William Lecomte, Jean-Marie Ecay, Guy Nsangue Akwa et Damien Schmitt, ainsi qu'en trio ave Biréli Lagrène et Kyle Eastwood.

De 2019 à 2020 (peu de concerts en 2020 en raison de la crise du Coronavirus), tournée européenne en quartet avec sa fille Clara au piano, claviers et voix, ainsi que Nathanael Malnoury à la contrebasse et Damien Schmitt à la batterie.

En 2021, comme un écho au projet Anderson-Ponty Band, Jean-Luc Ponty joue en invité avec Jon Anderson sur l'EP Affirmation du groupe de rock progressif Inventioning

En 2022, paraît en février Live at the Bern Jazz Festival 2011, un album live en duo enregistré avec le pianiste Wolfgang Dauner, disparu en janvier 2020. Jean-Luc Ponty est également invité sur un album du guitariste Brian Tarquin (album de charité pour les vétérans américains) et sur un titre de l'album What do the stars say to you, du producteur et DJ House music Ron Trent. L'album Sunday Walk (1967) est réédité en mars.

En 2023, les rééditions se poursuivent : Open Mind en mai, avec entre autres George Benson et Chick Corea, No Absolute Time en juin, avec une section rythmique africaine et Kevin Eubanks à la guitare, Individual Choice en juillet, avec notamment Allan Holdsworth et George Duke. Il donne en juillet une master class au Clazz International Music Festival, en Toscane. En novembre paraît un coffret pour le cinquantième anniversaire de la parution d'Overnite Sensation de Zappa, quatre CD et un Blu-Ray, avec notamment deux concerts enregistrés en mars et mai 1973.

En 2024, réédition en avril de Life Enigma, puis The Acatama Experience où le violoniste retrouve Allan Holdsworth sur un titre et Philip Catherine sur deux titres, et In concert enregistré en 1999 à Varsovie.

sources : le Dictionnaire du jazz, une interview parue dans le webzine Le Jazz et la bienveillante collaboration de Jean-Luc Ponty depuis plus de vingt ans.