chroniques

Tu m'invites, je t'invite…

Bojan Z et le Vienna Art Orchestra
mercredi 8 mai 2002

Bojan Z : piano
Vienna Art Orchestra

Bojan Zulfikarpasic a eu depuis un certain temps déjà l'occasion de jouer avec différents musiciens du Vienna Art Orchestra. C'est donc tout naturellement que, lorsque l'idée est venue d'inviter un big band dans le cadre de la résidence du pianiste, le choix de l'orchestre autrichien s'est imposé. « Deux concerts en un » mercredi soir : une première partie où Bojan Z invitait quelques musiciens de l'orchestre, la seconde étant réservée au big band lui-même, avec inévitablement le pianiste comme invité.

Le concert de Bojan Z a débuté en douceur, avec des compositions personnelles, jouées par une formation à géométrie variable selon les titres. Le musicien a interprété un traditionnel réarrangé en ballade aux allures de standard incontournable, suivi d'un duo avec la chanteuse Anna Lauvergnac sur un titre qu'elle a composé. Avec « Mothers of the veil » d'Ornette Coleman, le ton a commencé à changer, pour monter en puissance au fur et à mesure du concert, le Rhodes venant prendre le relai du piano sous les doigts de Bojan.

Place ensuite au Vienna Art Orchestra au grand complet pour une ébouriffante seconde partie, avec à sa direction Mathias Rüegg, le fondateur et l'âme de l'orchestre depuis plus de vingt ans. Un chef d'orchestre qui est à lui seul un spectacle, toujours présent dans l'ombre, intervenant ici et là par petites touches en circulant aux quatre coins de la scène. La formation elle-même est une fabuleuse machine au service de la musique, ou plutôt des musiques tant les influences et les styles s'entremêlent au gré des titres, toujours de manière cohérente. Sans oublier quelques morceaux de bravoure, notamment un duo déjanté – et très musical – trompette/contrebasse, ou encore un autre mariant voix et didjeridoo. Le tout avec un sens certain de la mise en scène, témoin l'installation à la fin du concert de quatre chaises qui ont servi de support à d'étonnants solos de percussions sur le rythme du rappel, avec jonglage de baguettes à la clef. Un concert qui restera certainement dans les annales...