chroniques

La nouvelle vague : entendre les images

Stéphane Kerecki quintet feat. John Taylor
jeudi 29 mai 2014
Stéphane Kerecki quintet feat. John Taylor

Stéphane Kerecki : contrebasse
John Taylor : piano
Emilie Parisien : sax soprano
Fabrice Moreau : batterie
invitée : Jeanne Added : voix

Les musiques de films offrent un répertoire riche et varié dans lequel il y a matière à puiser de nombreux thèmes inspirés. La Nouvelle Vague a de quoi stimuler particulièrement les jazzmen et il n’est qu’à rappeler la musique de Miles Davis pour le film de Louis Malle « Ascenseur pour l’échafaud », improvisée sur les images du film, pour le comprendre.

Cette musique sera d’ailleurs reprise ce soir par le quartet de Stéphane Kerecki, mais le concert débute avec deux autres films : « Le Mépris » de Godard dont la musique de Georges Delerue reste dans toutes les mémoires et « La mariée était en noir » de François Truffaut, une composition du grand Bernard Hermann. Inévitablement, on est pris par des effluves de souvenirs, par ces airs que l’on reconnaît sans toujours retrouver le film dont ils sont tirés. Les thèmes sont interprétés ici avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité par le contrebassiste et ses complices, Émile Parisien, très sobre et intense dans ce contexte, Fabrice Moreau au jeu tout en élégance, et l’immense John Taylor, magnifique pianiste dont la complicité avec le contrebassiste s’appuie notamment sur une très belle expérience en duo. C’est d’ailleurs dans cette formule qu’est repris le thème d’amour de Paul Misraki pour « Alphaville ». Jeanne Aded vient poser sa voix sur quelques titres, notamment la chanson de Reggiani pour « Pierrot le fou » et celle de Gainsbourg, « Sous le soleil exactement », reprise ici à contrepied de l’originale.

Pour le rappel, on a droit à la très belle suite de Martial Solal pour le film « À bout de souffle », et la soirée pourrait justement se résumer par la phrase de Godard : « Il me semble qu’on peut entendre les images et voir la musique ».