disques

Humair, Louiss, Ponty

Trio HLP

volume 2

1968

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discographie complète de Jean-Luc Ponty

"L'admiration entre jazzmens s'exprime par le plus commun, le plus neutre des termes qui décrive l'activité musicale : jouer. Non pas jouer telle chose ou telle autre, jouer comme ceci ou comme cela, mais jouer, tout simplement. Jouer "absolument", diraient les grammairiens - et, ma foi, c'est bien de cela qu'il s'agit.

Certes, il n'y a pas d'absolu de la technique instrumentale, de l'interprétation, du swing, de l'imaginaire ni de la créativité. Le simple respect des règles de solfège exige du musicien une permanent reconquête. Mais un artiste peut tendre, sinon à la perfection, du moins à l'adéquation des moyens qu'il maîtrise et des fins qu'il poursuit. C'est un début. Si les moyens sont exceptionnels (très raffinés ou très originaux), si les fins sont ambitieuses, si l'homme ne triche jamais, se livre corps et âme à son œuvre, échappe à sa pesanteur et nous délivre de la nôtre, peu importe les bavures, les ratures, les dérapages : on dira qu'il joue. Que tout l'orchestre connaisse cet état de grâce et vous entendrez le jazzman s'extasier : "Ça joue :"

Ça jouait chez Pascal Fang, pour sûr, au regretté "Caméléon" de la rue Saint-André-des-Arts, quand le trio HLP y allumait ses feux de Bengale, ses soleils et ses fusées. H le fracassant. L le diabolique. P l'enragé. Ces trois là SE jouaient à fond. Quitte ou double. Qui perd gagne, parfois même. Pour la beauté du geste. Ou pour amuser la galerie, comme Daniel avec son beau solo déjanté de "So What?", car jouer (grave entreprise s'il en fut, où l'on expérimente ses limites, où l'on regarde en somme sa mort en face&nssp;: souvenez-vous de Parker, souvenez-vous de Coltrane) n'interdit pas de jouer aux quelques privilégiés qui en sont capables et qui peuvent, de surcroit, se payer le luxe de l'humour et de la désinvolture. "Le batteur gagne un kilo de sucre" mais c'est nous qui sommes à la fête. Avec ce jazz extrême, nous vivons en même temps les émois du grand huit, des auto-tamponneuses, du palais des glaces et du train fantôme, plein de mains frôleuses et de spectres facétieux. Nous vivons plus vite et plus fort. Nous retombons en enfance de vivre. Quel cadeau !"

Alain Gerber (auteur de "Portaits en Jazz", Editions Renaudot et Cie), notes de pochette

Voir aussi le volume 1

Nota : les deux disques ont été également été réédités en un seul volume.