Patrick Martin saxophone
Rénald Fleury contrebasse
Jean-Benoît Culot batterie
Le trio offre un répertoire où mélodies dévoyées et combinaisons rythmiques ouvrent des espaces de liberté au sein desquels chacun des improvisateurs laisse libre cours à son jeu, l'oreille rivée sur la partition intérieure de ses compagnons.
Vibrations, (dé)placements et autres secousses fleurissent en un discours indivis qui prend racine à la source du jazz pour s'élever vers des contrées où cheminer est synonyme de renouvellement permanent.
Leur joie de jouer ensemble est palpable sur chaque titre tout autant que leur capacité à se surprendre..
Played Twice (album "Morning Glory")
I'll Close My Eyes (album "Morning Glory")
Gris (album "Morning Glory")
Africo ? (album "Take 2")
Ancient Ritual
Easy Leaving
iache
Second opus du trio normand Ancient Ritual à propos duquel j’écrivais en mars 2016 à la suite de leur concert à Coutances : « Quel bonheur d’écouter une musique aérée, lumineuse, épanouie où l’on redécouvre le talent rare d’un saxophoniste qui, après avoir suivi les chemins buissonniers des musiques sauvages et spontanées en revient au jazz avec un duo rythmique à la connivence inoxydable. Un superbe concert ! ».
« Take two » va encore un peu plus loin dans son approche buissonnière d’un jazz qui papillonne entre liberté maîtrisée et structures souples. Une belle réussite !
Thierry Giard, Culture Jazz, 9 novembre 2016
Batteur de jazz à Caen (et ailleurs) depuis Patchwork, c'est-à-dire depuis 35 ans bien sonnés, Jean Benoit Culot a gardé intact ses vieilles complicités, puisque depuis un lustre, il a renoué avec Rénald Fleury, le contrebassiste du magnifique trio Ifriqiya de la fin de années 80 avec le pianiste Martial Pardo, duo rejoint peu après par Patrick Martin, qui tout jeune avait intégré le mémorable Eniotna dans les années 90.
Le nom du trio, Ancien Ritual, vient d'une composition de Sonny Simmons (d'ailleurs présente sur le précédent cédé du trio), un saxophoniste de la new thing que Patrick Martin revendique haut et fort avec son groupe Samsara.
Si sur ce cédé, comme sur le premier, une seule composition du maître est reprise, Cristal, le jeu de l'altiste, parfois en simultané à la flûte à bec, s'en inspire, à la fois fulgurant et nonchalant, comme sur tous les autres titres : le standard There Will Never Be Another You, Djangologie de Django, Hot House de Charlie Parker, et deux de Monk (autre grand inspirateur), qui ne demandent que ça (Hackensack et Monk's Dream) et s'y sentent comme chez eux.
A cette relecture vivifiante du jazz moderne, s'ajoutent une double version d'Africo, du batteur, en grande liberté percussive, et Ma, du même. Aussi une intrigante composition du saxophoniste, Whispers, d'abord au piano, une berceuse répétitive plutôt façon Monk, Meredith, que Thelonious, puis un long souffle de flûte, avant la reprise.
Le contrebassiste, plus introverti ici qu'en live, même s'il improvise sur Djangologie et Monk's Dream, donne toute la stabilité au trio et permet aux deux autres d'explorer et de jouer à leur guise.
Un cédé épanoui, dans la continuité du premier. Et dont on peut écouter des extraits ici, et plus si le plaisir est partagé. La photo de pochette est de Stéphane Barthod.
L'autre trio Culot/Fleury, avec Nicolas Leneveu au ténor, sort son prochain cédé le mois prochain, avec deux invités de choix, à découvrir bientôt.
Alain Lambert, Musicologie.org (13 novembre 2016)
C’est le printemps ! Le renouveau, la vie et l’envie de jouer, de regarder, d’écouter...
Une posture naturelle chez le botaniste et saxophoniste qu’est Patrick Martin, un amoureux des plantes sauvages qui collectionne ici des mélodies du jazz qu’il fait éclore en toute liberté.
La complicité est totale avec Rénald Fleury, contrebassiste dont l’instrument semble agité par les vents du large, assis, debout, donnant parfois de la voix pour mieux tenir le cap du tempo flottant mais sûr qu’entretient un Jean-Benoît Culot assez aventurier, coloriste, inventif dans ce contexte et toujours aussi généreux, même quand il s’écarte de son ami le swing. Ce trio « Ancient Ritual », du nom d’une composition du saxophoniste Sonny Simmons à leur répertoire, explore avec assurance et impertinence l’œuvre des anciens, de Monk (Monk’s Dream et Wee See) à Django Reinhardt (Djangologie, pour un singulier hommage au pianiste Paul Bley que Patrick Martin se souvient avoir écouté dans ce même théâtre !) et des thèmes originaux de la patte de Jean-Benoît Culot.
Quel bonheur d’écouter une musique aérée, lumineuse, épanouie où l’on redécouvre le talent rare d’un saxophoniste qui, après avoir suivi les chemins buissonniers des musiques sauvages et spontanées en revient au jazz avec un duo rythmique à la connivence inoxydable. Un superbe concert !
Thierry Giard, Culture Jazz, 31 mars 2016
Outre Sonny Simmons, Monk, Clifford Brown, trois compositions originales signées par Patrick Martin (as) ou Jean-Benoît Culot (dm), tel est le matériau à partir duquel ce trio prend son essor. Les mélodies parfois à peine esquissées servent de prétexte à des improvisations libres qui s'entrecroisent, se mêlent et se répondent. Fraîcheur, spontanéité, séduction.
Jacques, Jazz Magazine/Jazzman, décembre 2014
Rencontre au somment et à la croisée des univers, à Caen. Patrick Martin, saxophoniste qui s’est souvent distingué comme improvisateur "hors normes" (son solo "Alto" en 2012) aime aussi le bop et ses déclinaisons qui swinguent. C’est dans ce contexte qu’il retrouve les deux compères Jean-Benoît Culot et Rénald Fleury pour une conversation à trois autour de thèmes qu’ils affectionnent et bichonnent ici avec fougue et/ou tendresse selon les plages. En tout cas cette joute amicale pousse les uns et les autres à décaler leurs cadres habituels et c’est fort bien ainsi !
Thierry Giard, Culture Jazz, 3 octobre 2014
Ancient Ritual ou Ancient Ritual selon qu'on parle du trio, du titre du disque ou du premier morceau qui donne le la à l'ensemble. En effet, ce thème de Sonny Simmons, s'il date déjà du siècle dernier, est devenu un standard à son tour, alors qu'à l'époque, il relevait, malgré son nom, de la New Thing, son compositeur ayant joué avec Mingus et Dolphy, entre autres...
Les autres standards du cédé (Half Nelson, Easy Living, Wee See, Topsy, Jordu, Lou's Blues) sont pour le saxophoniste Patrick Martin comme un retour aux sources, après un long passage par le free, et ses limites extrêmes confinant au silence.
Mais quelle approche au niveau du son de l'alto, chuintant, grinçant, éructé, fuyant, grave, éclatant, ralenti, murmuré, leur redonnant une nouvelle couleur. Miles, Monk ou Brown n'y perdent pas, bien au contraire.
D'autant que la batterie de Jean Benoît Culot et la contrebasse de Rénald Fleury maintiennent un swing impeccable.
Quant aux deux non-standards, Iache de Jean Benoît Culot et Aleph, de Patrick Martin, ils s’intègrent complètement dans l'ensemble en l'enrichissant encore. Dans le premier, la contrebasse entêtante, y compris en solo, propulse les complices dans un dialogue ébouriffé, que le second thème va approfondir davantage, suivi d'une reprise bienvenue de Iache, avant le retour au blues de Donaldson.
Travail sur le fil et sur le son — très bien enregistré, c'est important — et sur l'essence du swing, qui ravira toutes les oreilles, les anciennes et les modernes, et devrait donner de jolis concerts (en particulier au théâtre de Caen le 17 juin à 21h avec Leonardo Montana au piano).
En pochette, une peinture de Jean Benoît Culot.
Alain Lambert, Musicologie.org (8 août 2014)